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Les résultats suivants portent sur un sous-échantillon apparié de 499 enseignants. Afin de garantir la validité des comparaisons entre les enseignants de 2023 et ceux de 2025, le sous-échantillon a été sélectionné à partir d’un appareillement sur l’ancienneté, le niveau scolaire, l’environnement proche (rural vs urbain) et la zone d’enseignement (REP ou non).
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Qu’est-ce qu’une attitude ?
En psychologie sociale, l’attitude désigne la manière dont les individus perçoivent un concept, positivement ou négativement. Ici, on s’intéresse donc à ce que les enseignants pensent de l’éducation au développement durable, et plus particulièrement si cette perception est plutôt positive ou négative.
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Entre 2023 et 2025, nous constatons une baisse de 30% des attitudes sur notre échantillon : si, il y a deux ans, la grande majorité des enseignants se disaient favorables à l’enseignement de l’éducation au développement durable, ils ne sont plus que la moitié aujourd’hui.
En 2025, 52% des enseignants pensent que les comportements pro-environnementaux doivent être développés à l’école, contre 81% en 2023.
Cette évolution semble être le reflet exacerbé de ce que constatait le baromètre GREENFLEX-ADEME 2025 de la consommation responsable, qui constate que significativement moins de Français se sentent engagés et rapportent faire tout leur possible pour réduire l’impact de leur consommation et sensibiliser les autres par rapport à 2024.
Il est important que les enseignant(e)s participent au développement de la conscience écologique de leurs élèves selon 57% des enseignants en 2025, contre 84% en 2023.
Cette baisse des attitudes, et son exacerbation chez les enseignants, peuvent s’expliquer de plusieurs manières :
Le recul des attitudes enseignantes pourrait s’expliquer par l’isolement des questions environnementales et climatiques par rapport à d’autres enjeux, qui deviennent plus prioritaires. On constate notamment que les Français sont de plus en plus préoccupés par les questions de sécurité (26% en 2023 contre 41% en 2025), au détriment des questions environnementales (30% en 2023 contre 25% en 2025, baromètre GREENFLEX-ADEME 2025 de la consommation responsable). Les résultats obtenus chez nos enseignants pourraient eux aussi être expliqués par un changement des préoccupations prioritaires combiné à une lassitude de l’éducation au développement durable.
Maintenant que les questions environnementales et climatiques sont omniprésentes dans le débat public, elles deviennent sujettes à une polarisation politique. Là où l’écologie avait initialement une image experte et scientifique, elle est devenue une préoccupation importante dans l’échiquier politique, et un enjeu central et constitutif des électeurs de gauche notamment (source). En devenant éminemment politique, l’environnement durable devient sujet à débat, et pourrait dépeindre les profs qui l’enseigne comme les porteurs non plus d’une connaissance scientifique et sémantique, mais d’une opinion politique et polémique. Bien qu’une large majorité de la population soit favorable aux questions environnementales et écologiques, et donc que l’éducation au développement durable devrait également être supportée par une partie non-négligeable de la population, les enseignants pourraient se montrer frileux à être envoyés ainsi en première ligne d’une mobilisation qui se veut toujours plus politique. Cette hypothèse est par ailleurs illustrée par les résultats de notre baromètre : les normes sociales perçues prédisent les attitudes de 2025, signe que les enseignants sont sensibles à la perception de leurs collègues, de leur hiérarchie, des parents d’élèves et des élèves sur l’éducation au développement durable. Note : on pourrait penser à attribuer ce recul des attitudes enseignantes à leur propre polarisation, pourtant on observe dans notre échantillon que, d’une part, les enseignants ont des attitudes très favorables envers l’urgence de la crise climatique et que, d’autre part, moins d’1% des enseignants rapporte des croyances climatosceptiques.
Enfin, une autre explication possible, et complémentaire, de ce recul des attitudes pourrait concerner le manque d’accompagnement institutionnel et systémique. L’urgence climatique a été largement médiatisée et s’est accompagnée, dans la population générale comme dans l’enseignement, de multiples injonctions. C’est par ailleurs ce que montrent les derniers résultats de TALIS 2024, dans lesquels 62% des enseignants français rapportent que “suivre l'évolution des exigences de l’Éducation nationale ou des autorités académiques ou locales” constitue une source de stress pour eux, contre 39% pour la moyenne OCDE. Or, il faut que les comportements promus soient rendus possibles et facilités pour devenir désirables, ce qui requiert la collaboration de l’action publique et des acteurs privés (source). Le baromètre GREENFLEX-ADEME 2025 de la consommation responsable rapportait d’ailleurs : “Mobilisés depuis de nombreuses années pour favoriser l’émergence d’une offre responsable qui n’arrive pas, ou trop timidement, les consommateurs finissent par se lasser.”. Ce recul des attitudes pourrait illustrer un phénomène similaire chez les enseignants : “mobilisés depuis des années sur les questions de l’éducation au développement durable mais insuffisamment accompagnés et outillés, les enseignants finissent par se lasser”. On notera d’ailleurs que le besoin d’outillage et de ressources concrètes sont les besoins les plus exprimés par les enseignants de notre échantillon pour mettre en place des pratiques d’éducation au développement durable.
En 2023 comme en 2025, nous avons demandé aux enseignants dans quelle mesure ils avaient l’intention de mettre en place certaines pratiques en rapport avec l’éducation au développement durable durant le prochain semestre. Si on n’observe pas d’évolution significative pour les intentions d’organiser des projets de groupe ou de faire classe dehors durant le prochain semestre, on observe une baisse lorsqu’il s’agit de mettre en place des écogestes ou d’organiser un débat ou une discussion.
En effet, s’ils étaient respectivement 65% et 48% à vouloir mettre en place des écogestes et organiser un débat en 2023, ils ne sont plus que 53% et 35% à en avoir l’intention en 2025. Un indice de plus que la motivation des enseignants s’essouffle sur l’éducation au développement durable.
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